Avant FR Haguenau - Dijon (L2), samedi à 17h
Une affaire de mains
Face à Dijon, pensionnaire de Ligue 2, tout Haguenau va compter sur ses mains. Et lui les utilise tous les jours pour exercer sa profession. Grégory Schaeffer, 23 ans, est gardien de but du FRH et kiné à Rosheim.
Depuis quelques années, il concilie son métier et sa passion. De 7h à 18h45, il est kiné à Rosheim, sa ville, et de 19h à 21h30 trois ou quatre soirs par semaine (sans oublier les samedis après-midi), il est gardien de but à Haguenau.
« Mes journées sont bien remplies. Mais si je fais 125 kilomètres aller-retour depuis cinq saisons pour aller jouer au foot, c'est bien que je me plais dans ce club. »
Un maillot très particulier
Dans sa chambre, il est arrivé à « superposer » ses deux activités. La chose est surprenante, surtout pas morbide. « En fait, j'ai habillé un squelette qu'on utilise en cours d'anatomie avec le maillot de Jonathan Renckert, un de mes coéquipiers », sourit Grégory Schaeffer.
Ce maillot est particulier. Il l'avait échangé un soir de victoire... particulière. « On avait éliminé Gueugnon, alors en L 2, 0-0 et 5-4 aux tirs au but. »
C'était le 11 décembre 2004 et les gamins, qu'ils étaient, avaient créé l'une des surprises du jour en se qualifiant pour les 32es de finale, eux les joueurs de DH. « C'était une sacrée fête. Le plus grand de mes matches. Autant j'étais concentré toute la journée et tout le match, autant je me suis mis à courir partout et dans tous les sens quand Thomas Recher avait mis le dernier tir au but. »
Il se souvient aussi des paroles d'un juge de touche après son arrêt sur un essai bourguignon. « Il m'avait dit : "Maintenant, j'espère que votre copain va le mettre. Vous le mériteriez". Et Thomas l'avait réussi. »
La Coupe de France, même si Haguenau n'a plus vraiment fait parler de lui depuis cette saison-là, Grégory Schaeffer l'apprécie. Quelques mois avant l'élimination de Gueugnon, il avait été de l'historique 32e de finale joué par Ernolsheim/Bruche face à Cannes.
« Je venais de fêter mes 18 ans. On avait perdu 3-0, mais ce match, comme celui que nous avons perdu face à Romorantin après avoir éliminé Gueugnon, restent de bons souvenirs. »
Et puis voilà, on est le 21 novembre 2008 et se profile le Dijon d'Éric Carrière. « Ce sera difficile, mais pas impossible. Jusqu'au match de Gueugnon, je pensais qu'une équipe de L 2 était infranchissable. Notre exploit m'a fait changer d'avis, sourit notre portier-kiné, toujours entraîné par l'incontournable Albert Stoeckel.
« Plus le temps passe, plus l'adversaire doute si on n'encaisse pas de but. Le principe, c'est d'être au dessus de son niveau habituel. J'aborde ce match avec autant d'impatience que d'envie. Même si on s'en défend, ça fait pas mal de temps qu'il est dans ma tête et dans celle de mes coéquipiers. Il ne faudra pas y aller à reculons. »
«Juste de la
concentration»
Samedi, il fera comme d'habitude, se lèvera un peu plus tard toutefois que les autres jours de la semaine, traînera un peu chez lui et rejoindra avant midi ses coéquipiers. « Après, ce sera de la concentration, juste de la concentration », dit cet inconditionnel du sobre Van der Sar.
Puis tout sera, comme pour l'exercice de sa profession, une affaire de mains. Si elles ont le don de calmer les patients de son cabinet, il espère secrètement qu'elles exaspéreront les Dijonnais.
Il se dit même partant pour une séance au bout du temps additionnel et de la prolongation, là où le gardien de but prend toute sa lumière.
Il rêve ensuite de piquer un sprint et de sauter dans les bras de Thomas Recher, histoire de faire bégayer le passé. « On rêve tous de ça... »
Jean-Christophe Pasqua
dna