L'argent ne suffit pas...mercredi 17.03.2010, 14:00
L'USLD affronte cette semaine, Compiègne et Mulhouse. Trois clubs aux ambitions déchues...
Ce sera la grande leçon de cette saison
2009/2010 de CFA : dans le foot amateur, le plus gros porte-monnaie ne garantit pas toujours les meilleurs résultats. Dunkerque affronte cette semaine Compiègne et Mulhouse, deux de ses voisins
Grandeur et décadence. Une expression qui va à merveille aux trois cadors aux pieds d'argile de la CFA : Dunkerque, Mulhouse et Compiègne.
Trois pointures condamnées à jouer petits bras, contraintes de raser les murs.
Des équipes passées maîtresses dans l'art de faire déjouer tous les pronostics qui les donnaient candidates à l'accession en National. Huit mois plus tard, Dunkerque, Compiègne et Mulhouse termineront la saison devant ou derrière les portes de la relégation avec, quoi qu'il advienne, les fesses rougies par une saison catastrophique. Celles de la déchéance pour Mulhouse, deuxième la saison dernière, privé de CFA par l'accession finalement avortée de Besançon.
Celles de Dunkerque, candidat annoncé malgré lui. Comment pouvait-il de toute façon en être autrement avec un budget dépassant le million et demi d'euros quand bien même la masses salariale réservée à l'équipe première s'élève à 600 000 euros environ (joueurs). Compiègne enfin, smicard au pays des traders de la CFA, avec son million d'euros et ses 500 000 euros réservés à la masse salariales. Fourchette des salaires des joueurs picards : de 1 000 à 2 500 euros mensuels. Fourchette des salaires dunkerquois : de 200 à 3 000 euros. A Mulhouse, elle grimpe jusqu'à 3 500 euros. A Dunkerque comme à Mulhouse sont recensés une dizaine de contrats fédéraux. A Compiègne, ils sont six, « et encore, nous en avons recruté deux dernièrement de cette façon car nous y étions obligés par les règlements », indique Philippe Tourre, le président de l'AF Compiègne.
« Il y a bien longtemps que ne sommes plus
un cador » Un homme d'affaire, gérant d'enseignes Feu vert. Rigolo lorsque les feux sont au rouge pour son club : « Cela fait bien longtemps que nous ne sommes plus un cador. Vous savez, parfois, c'est aussi une question de chance, de mauvais concours de circonstances. On a par exemple perdu notre meilleur joueur, Gamboa. » Parti au stade de Reims, fossoyeur des pointures de CFA ayant donc chipé Gamboa à Compiègne, Tainmont à Dunkerque et Régnier à Mulhouse. Trois équipes orphelines même si une telle dépendance révèle certaines faiblesses. Philippe Tourre préfère conserver sa bile pour plus tard : « A quoi bon maintenant ? Nous ferons le point à l'issue de la saison mais je pense qu'à Dunkerque, comme à Compiègne et Mulhouse, les raisons sont les mêmes. »
Mulhouse,
la bonne adresse Alain Dreyfus, son homologue alsacien, a forcément un avis sur la question. Celui qui se définit comme un vrai président puisqu'il injecte de l'argent a aussi compris que la monnaie ne dirige pas le monde du CFA. Au stade de l'Ill, c'est un peu le club Med : 14 contrats fédéraux, ambitions annoncées, salaires confortables. Un niveau de vie assuré par les deniers personnels d'un président aux manettes depuis deux ans. Le cirque a assez duré, la folie aussi. la saison prochaine, Alain Dreyfus dont le club perçoit uniquement 400 000 euros de deniers publics pour un budget global de 1 200 000 euros (900 000 euros de masse salariale) annonce d'ores et déjà de sombres coupes pour la saison prochaine : « Le budget sera quasiment réduit de moitié. C'est de la folie et puis vous savez, les joueurs ne vous le rendent pas. Ils osent venir réclamer des primes pour la coupe de France par exemple.
Comme d'autres, nous nous sommes trompés dans le recrutement. Nous avons perdu Régnier parti à Reims alors que nous lui proposions près de 4 000 euros par mois. La politique des mercenaires est terminée, il ne faut quand même pas pousser pépé dans les orties. »
Dunkerque pense
au vivier régional Alain Dreyfus a décidé que son porte-monnaie n'était plus un puits sans fond. Philippe Tourre n'annonce pas de révolution : « Non, non, nous conserverons la même politique en essayant d'être plus performants sur le recrutement », et en croisant les doigts pour ramener une victoire de Dunkerque ce mercredi. « La même que la saison dernière, cela me va bien, » en attendant, il ira, comme à chaque déplacement de l'AFC dans la cité de Jean Bart, dîner chez Jean-Pierre Douchy, un ami dunkerquois. Histoire d'oublier les soucis du quotidien. A moins que le repas de fête ne soit pour Jean-Christophe Géhin, visage neuf dans le monde des présidents de CFA. Discours forcément plus lisse : « Comment voulez-vous qu'on ne tire pas les leçons d'un tel échec ? Évidemment, notre philosophie changera pour la saison prochaine à condition que le vivier de joueurs régionaux nous permette d'enrichir notre effectif en qualité. Je pense que nous avons un potentiel public intéressant, il faut simplement lui donner envie de venir au stade. Par les résultats bien sûr mais pas seulement. C'est une stratégie à long terme », lance le président dunkerquois dans un contexte d'urgence maximum. « Aujourd'hui, ce qui m'importe, c'est qu'on se sauve, ensuite, nous tirerons les leçons. » Et ceux qui en parlent le plus ne sont pas toujours les plus actifs une fois le moment des décisions venu.
Ahmed KARA
Photos : Pierre VOLOT
Le Journal des Flandres Le Phare Dunkerquois