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Le FC Sochaux a mis à l'essai mercredi l'ancien strasbourgeois Chahir Belghazouani jusqu'au milieu de la semaine prochaine. Le sociétaire du Dynamo Kiev, prêté à Strasbourg (L2) en début de saison, avait été licencié par le club alsacien début novembre après avoir été placé en garde à vue dans le cadre d'une affaire de violences volontaires. Il avait été libéré après 30 heures, aucune charge n’ayant été retenue contre lui. Le profil du joueur franco-marocain de 22 ans intéresse Francis Gillot, l'entraîneur franc-comtois, qui cherche à renforcer son couloir droit.AFP

Impliqué dans une histoire de violence, licencié par le Racing puis mis hors de cause par la justice, Chahir Belghazouani a connu un automne mouvementé. A quelques jours d'un mercato où le milieu offensif espère bien se relancer, il a accepté de donner sa version de l'affaire.

- Vous avez été accusé d'avoir agressé une jeune femme, avant d'être finalement blanchi par la justice. Que s'est-il passé au juste ?

- C'était au mois d'août. Je suis allé boire un verre après un match. J'étais avec une amie, j'ai mis mes clés de voiture dans son sac. Or deux jeunes femmes ont volé ce sac à main lors de la soirée. J'ai appelé la police, avant de contacter une personne qui connaissait vaguement ces filles.
J'ai fini par retrouver la voleuse, mais j'ai mis toute la nuit à retrouver le sac et mes clés. Je n'ai même pas porté plainte. C'est d'ailleurs mon erreur : j'ai fait cavalier seul. J'aurai dû laisser la police s'en occuper jusqu'au bout et tout ceci ne serait jamais arrivé.

« Franchement, sur le moment
je n'ai rien compris »

- Deux mois plus tard, vous vous retrouvez en garde à vue, accusé d'avoir frappé cette fille...

- Apparemment, la police aurait appelé le club le samedi avant mon interpellation, pour demander mon numéro de téléphone. Ils voulaient que je me présente au commissariat pour être entendu. Mais le Racing ne m'a jamais transmis ce coup de fil.
Et les policiers sont finalement venus me chercher le lundi suivant, à l'entraînement. Quand les autres joueurs les ont vus, tout le monde croyait que j'avais roulé trop vite en voiture. Mais l'un des policiers m'a dit : "Non, c'est une histoire de séquestration et de violences". Franchement, sur le moment, je n'ai rien compris.

- Vous avez finalement été innocenté...

- On avait dit que j'avais frappé cette fille, que je lui avais uriné dessus (sic)... C'était n'importe quoi.

- En garde à vue, la police vous a-t-elle aussi interrogé sur le clip de rap sulfureux dans lequel vous apparaissiez sur internet ?

- Oui. C'est même en garde à vue que j'ai découvert ce clip. J'avais rencontré le gars qui a filmé cette vidéo dans un café où je buvais souvent le thé. Je venais juste d'arriver à Strasbourg, j'étais à l'hôtel et je ne connaissais pas grand monde. On a sympathisé en parlant de foot, et un jour, il m'a demandé si je pouvais lui prêter ma voiture pour un clip. J'ai dit oui, pour lui faire plaisir, sans réfléchir.

« Les gars qui ont fait
le clip ont abusé de
ma confiance »


On a tourné vite fait durant une après-midi. Il a pris des images de la voiture et m'a aussi filmé quelques instants. Mais on n'était pas au Neuhof, il n'y avait pas de flics tabassés, de filles en laisse ou quoi que ce soit...

- Quelle a été votre réaction en voyant ces images ?

- J'étais vraiment choqué. J'ai une maman, une petite soeur de 15 ans... Voir des femmes en laisse comme ça, ce n'est vraiment pas correct. Pareil pour les policiers tabassés et tout le reste. Les gars qui ont fait le clip ont abusé de ma confiance. Visiblement, les policiers qui m'ont interrogé cherchaient à savoir qui avait tourné dans ce clip, mais je n'en savais rien.

- En sortant de garde à vue, vous découvrez que vous êtes mis à pied, avant d'être finalement licencié. Comment l'avez-vous vécu ?

- On m'a reproché d'avoir sali l'image du club, mais mon image aussi a été salie. Quand je suis arrivé au Racing, les dirigeants m'ont parlé de solidarité, d'esprit de famille... et ils m'ont lâché sans même attendre la décision de justice. Tout ce que j'avais fait sur le terrain, tout mon investissement dans le projet de la remontée, ça n'a pas compté.

- Vous en voulez aux dirigeants du Racing ?

- Jurietti disparaît deux jours, Ben Arfa refuse de rentrer sur le terrain... Ils ont fait des fautes graves et sont toujours là. Je trouve que la sanction prise à mon égard est complètement disproportionnée. D'accord j'ai fait des bêtises, mais j'ai assumé. Et en plus, j'étais sincèrement désolé pour cette histoire de clip.

« Si le club voulait
me reprendre,
je signerais tout de suite »


Le club a préféré protéger son image que protéger un de ses joueurs. Je ne reproche rien à la police, ni à la justice : elles ont fait leur travail. Mais le club, lui, m'a reconnu coupable. Et quand j'ai reçu ma lettre de licenciement, je n'ai même pas eu un coup de fil du président. Ils n'ont pas eu ce courage...

- Quelles sont désormais vos relations avec le Racing ?

- L'équipe a toujours été derrière moi, certaines personnes du club aussi, comme Jacky Canosi (l'un des recruteurs). Et je pense toujours que Jean-Marc Furlan est un très bon coach...
A Strasbourg, je me sentais bien au sein du groupe. Je voulais vraiment apporter quelque chose et je regrette de ne plus jouer ici. Je sais qu'on ne peut pas revenir en arrière, mais si le club voulait me reprendre, je signerais tout de suite. Et je n'espère qu'une chose : que les joueurs réussissent à remonter.

- Avez-vous des pistes pour vous relancer ?

- Des clubs se renseignent, j'ai des pistes sérieuses. Je cours, je m'entretiens physiquement et je sais que de toute façon, dès que j'aurai signé quelque part, je serai au point. Parce que j'ai la rage après cette histoire. Une rage qui va se transformer en force sur le terrain.

- Humainement, vous avez aussi certainement beaucoup appris ?

- Cette histoire me servira de leçon par rapport à mes fréquentations. Mes parents m'ont toujours dit de faire attention, j'aurai dû les écouter. Maintenant, je sais que je n'ai plus droit à l'erreur, je vais devoir être quatre fois plus vigilant qu'avant.
Mais c'est à moi de gérer, de rebondir sur le terrain. Et je le répète, j'espère vraiment que le Racing va monter en Ligue 1...
Propos recueillis
par Barbara Schuster