Football National : Le point avec le président du Racing à trois semaines du début du championnat
« Le Racing est unique »
Le président Marc Keller est un homme heureux. Après l’énorme déconvenue sportive vécue en mai avec une 16e place et la relégation sportive qui devait s’ensuivre théoriquement, son Racing a été repêché en National. Aujourd’hui, il veut redonner un coup de fouet au club pour lequel il n’envisage qu’un seul objectif à terme : le retour dans le monde professionnel.
L’ événement de la semaine écoulée est la réintégration du Racing en National. Certains la considèrent illégitime, voire scandaleuse. Pour vous, c’est un énorme soulagement. Que faut-il penser de cet épisode ?
– Il faut observer ce qui s’est effectivement passé ces dernières semaines avec un peu de recul. Tout d’abord, il y a eu une relégation sportive pour le Racing. C’est un fait. C’est un échec.
Ensuite, les problèmes financiers de deux ou trois clubs de National, de Ligue 2, voire de Ligue 1 ont changé les choses. Au final, il y a 16 clubs qui sont repêchés à différents niveaux. Dans tout le processus qui a conduit à la situation officialisée mardi, nous n’étions pas acteurs. Nous suivions avec beaucoup d’attention tout ce qui se passait.
« Ceux qui ne connaissent pas le règlement et qui ont une vision étriquée des choses »
– Vous n’avez-vous donc pas œuvré dans l’ombre, au détriment d’autres clubs, comme certains le soupçonnent pour aboutir à cette issue positive ?
– C’est sûr qu’on n’est pas resté les bras croisés. On a regardé les règlements, on est passé par des hauts et des bas avec des événements presque chaque jour autour des clubs en difficulté.
Le 25 juin, quand le redressement judiciaire de Valenciennes a été prononcé, j’étais sûr à 95 % que nous repartirions en National. Ensuite, il y a eu le sauvetage de ce club.
Ensuite, il y a eu la position de la Ligue par rapport à Luzenac. Et à la dernière minute, le recours de Luzenac au CNOSF, qui est suspensif, a conduit à notre repêchage et à un grand soulagement pour ceux qui aiment le Racing. Comme le dit mon frère François, trois ans de travail ne sont pas partis en fumée.
Après, il y a ceux qui s’insurgent : ce sont ceux qui ne connaissent pas le règlement et qui ont une vision étriquée des choses.
Par rapport à ce qui se dit au niveau régional, j’ai une position claire et nette. Je suis favorable à un foot alsacien uni et fort. J’ai été le premier à féliciter Bruno Paterno et Roudy Keller pour le maintien de Sarre-Union, je suis le premier à vouloir que Mulhouse monte en National, que Schiltigheim accède au CFA et je considère Colmar comme l’un des candidats légitimes à la Ligue 2.
– Ne pensez-vous pas que le Racing a été repêché parce que c’est Strasbourg ?
Je ne vois pas pourquoi, mais je sais que beaucoup de présidents du National se réjouissent de notre présence à ce niveau, parce qu’ils vont faire une bonne recette.
En revenant à une vision alsacienne du foot, j’espère vraiment que Mulhouse va monter parce que je suis sûr qu’avec un Racing – FCM on remplira la Meinau comme on le fait quand on accueille Colmar.
Il y avait, la saison passée, deux clubs de L1, un de L2 et un de National en Corse. Pourquoi ce ne serait pas la même chose dans notre région ? Il y a toujours de la place pour les clubs qui travaillent bien, comme on s’efforce de le faire avec notre centre de formation par exemple, qui profite à beaucoup de clubs alsaciens.
« Éviter que le vestiaire soit pollué par la quantité »
– N’est-ce pas, tout de même, la victoire de l’argent, sachant que vous aviez présenté un budget pour le National, un budget pour le CFA et que vous bénéficiez d’importantes subventions publiques ?
– Quand j’ai repris le club en 2012, avec le soutien de la Région et de Philippe Richert, de la Ville et de Roland Ries, de la CUS et de Jacques Bigot, j’ai effectivement demandé à sécuriser les subventions, mais je me suis engagé à respecter une éthique, à diriger un club bien géré financièrement, sans problèmes extra-sportifs. Et il y a un dernier point: à ce moment-là, j’ai garanti l’apport de fonds propres de dirigeants privés alsaciens.
Pour la saison à venir, on présente un budget de 5,2 millions d’euros avec en termes de recettes commerciales, une évolution depuis 2011-2012, quand on partait de 350 000 euros de revenus à 1,65 millions pour la saison qui s’achève et 2 millions pour la saison à venir.
On a pris du retard en raison de l’incertitude, mais depuis mardi, les loges s’arrachent, on est à près de 100 abonnements par jour et je suis sûr qu’on aura encore une moyenne de 10 000 spectateurs à la Meinau.
– Justement, le retard pris ne risque-t-il pas de nuire à l’aspect sportif qui doit finalement se préparer dans l’urgence ?
– On pourra s’appuyer sur une masse salariale en légère augmentation et on s’est débarrassé de quelques gros contrats, qui avaient été signés en CFA2 et qui représentaient plus de 40 % de la masse salariale disponible.
On a recruté cinq joueurs (Fachan, Marques, Seka, Ndour, Aguemon), le chantier défensif est presque achevé. Il y aura encore un ou deux joueurs indiscutables en attaque, puis un ou deux joueurs de complément.
Le raté de la saison passée a incité à procéder à un renouvellement de l’effectif, à privilégier l’état d’esprit et à éviter que le vestiaire soit pollué par la quantité avec 28 joueurs qui y vivaient. C’est le constat que je partage avec Jacky Duguépéroux qui s’en est rendu compte en deux mois, avec François, mon frère, qui en était arrivé à la même conclusion avant de jeter l’éponge.
– Quelles ambitions nourrissez-vous en cette saison 2013-2104 ?
– On est dans une reconstruction sportive qui redevient complètement centrale au club. On doit faire des choix, on espère faire les meilleurs possibles. Mais franchement, on ne peut pas se prononcer aujourd’hui. Les favoris, ce seront Amiens, Colmar, le Red Star et Istres. Concernant nos objectifs sportifs, j’attendrai que l’effectif soit au complet.
– Dans ce cadre, que vous inspire la présence de Duguépéroux à la tête du staff technique ?
– Qu’on gagne beaucoup de temps avec lui. C’est un Racingman, il connaît tout du club, il vit l’un de ses derniers challenges et les choses se font naturellement.
« Une exigence professionnelle »
– Et votre engagement personnel dans cette entreprise, comment le définiriez-vous ?
– J’aime mon club, comme la majorité des Alsaciens. Je me bats au quotidien pour lui, j’ai l’unique objectif de le faire progresser. On n’est pas dans le monde pro, mais je veux que l’on travaille comme des pros. On est dans une exigence professionnelle.
Après, fondamentalement, l’ADN du club appartient à ses supporters. Ce qui me fait avancer à la tête de ce club, c’est l’envie de revoir une Meinau pleine le jour où on retrouvera la Ligue 2. Je rêve de ce jour comme je me souviens du match qu’on a gagné face à Raon-l’Étape, à Épinal. Le Racing est un club différent et je m’en rends compte chaque jour.
Propos recueillis par François Namur, publiée le 21/07/2014 - DNA