par Zebra68 Mar 23 Fév 2021 - 7:49
Reprise du championnat de National 3 : des opinions partagées
Les clubs alsaciens de N3 émettent des points de vue assez différents et parfois très nuancés, concernant une éventuelle reprise de leur championnat. Au final, tous les arguments se tiennent, dans un sens comme dans l’autre.
Cédric Decker (entraîneur du FC Saint-Louis/Neuweg) : « On fera ce qu’on nous demandera »
« Je comprends qu’il y ait une différence entre le N2 et le N3. Très souvent, le fonctionnement des clubs n’est pas du tout le même dans ces deux divisions. J’ai vu une étude dernièrement qui démontrait qu’en N2, il y avait en moyenne 15 joueurs salariés sur 22. En N3, c’est beaucoup moins !
De nombreuses équipes ont des organisations qui se rapprochent davantage du R1 que du N2. Nous, on ne peut pas s’entraîner la journée par exemple, car la majorité des joueurs bossent.
S’il faut reprendre le championnat avec le même protocole sanitaire que celui de la Coupe de France, alors je souhaite bonne chance à beaucoup de clubs, parce que c’est très lourd et compliqué à mettre en place. Nous passons notre samedi après-midi à tester nos 25 joueurs. Après, nous, on fera ce qu’on nous demandera… »
Éric Descombes (entraîneur du FC Mulhouse) : « Où est la cohérence ? »
Il y a une semaine, le coach du FCM regrettait que le N2 et le N3 ne puissent pas reprendre leurs droits, alors que juste au-dessus, « le National continue ». « Où est la cohérence ?, s’interrogeait-il. Les infrastructures sont relativement les mêmes. » Depuis, les clubs de N2 ont été autorisés à renouer avec la compétition. Éric Descombes souhaite désormais qu’il en soit de même pour le 5e échelon hexagonal.
Claude Spreng (entraîneur de l’ASC Biesheim) : « Ça va faire cher le match pour la Sécu »
« Quand on parle de National, je ne vois pas pourquoi on fait une différence entre le N2 et le N3. On nous a obligés à jouer la Coupe de France, alors qu’on ne vienne pas nous dire qu’il est impossible de reprendre le championnat… J’ai bien compris que tout cela n’était qu’une histoire de fric. Beaucoup de joueurs sont sous contrat en N2 et pour le moment, c’est l’État qui les paye. Donc on préfère qu’ils reprennent.
J’observe que des centaines de personnes se déplacent dans les grandes surfaces ou dans les rues des grandes villes quand il recommence à faire chaud, mais que 22 gars sur un terrain de foot en N3, ça pose problème… Je précise que je ne parle qu’en mon nom. Dans notre division, ceux qui sont mal classés vont forcément militer pour une saison blanche. Si on reprend mais qu’on nous oblige à faire un test Covid le jour de la rencontre et un test antigénique 72 heures avant, ça va faire cher le match pour la Sécu !
Le plus énervant, c’est qu’on ne sait pas où on va. Roxana Maracineanu (la ministre déléguée aux Sports) parle de public dans les stades pour les pros, mais sur nous, pas un mot ! Il faut qu’une décision soit enfin prise. Les clubs attendent des réponses.»
Amar Ferdjani (entraîneur de la FAIG) : « Un délai de préparation cohérent »
« Si le N3 devait redémarrer, on veut un délai de préparation cohérent, pas une dizaine de jours comme en Coupe de France. En admettant qu’on finisse les matches aller, je suis assez inquiet car il nous reste les trois réserves pros à jouer (Nancy, Racing, Troyes). Ces équipes ne se sont jamais arrêtées de s’entraîner et c’est normal. Quand on les jouera, il y aura un déséquilibre sauf s’il n’y a pas de relégation en R1. »
François Keller (entraîneur du Racing 2) : « Plus vite on rejouera, mieux ce sera »
« En tant que formateur, j’estime que les générations 2001 et 2002 vont être en difficulté parce qu’elles sont en manque de temps de jeu depuis un an. Plus vite on rejouera, mieux ce sera pour ces jeunes joueurs qui ont besoin d’apprendre leur métier à travers les matches.
En tant que citoyen, je ne veux pas participer à du lobbying pour ou contre une reprise du N3. Le plus sage est de rester à notre place et de suivre les décisions des pouvoirs publics. Il y a assez de gens qui ont morflé à cause de cette pandémie. »
Guy Irion (président de l’US Sarre-Union) : « A huis clos, pour moi, c’est non »
« Si on doit reprendre à huis clos, pour moi, c’est non. Sans spectateurs, sans billetterie, sans buvette et avec rien à offrir aux sponsors. Aucune recette, que des dépenses, ça ne va pas.
Il faudrait au minimum quatre semaines de préparation sportive si on devait reprendre. Aujourd’hui, notre équipe s’entraîne uniquement chaque samedi matin, ce qui n’est rien en termes de préparation. »
Propos recueillis par C.S., Am.P. et P.C. - L'Alsace