photo Denis Soltier - L'Alsace
Ballotté de club en club et de pays en pays depuis son départ de Côte d’Ivoire en 2001, Didier Kanhan Yoroba suit sa route comme il peut. En attendant, peut-être, de se poser à Mulhouse.
Lorsqu’on lui demande où il se trouvera demain, il sourit en haussant des épaules :
« Oulala, ça je n’en sais rien du tout, dans le train ou à Mulhouse ! C’est le coach qui décidera. » Il est comme ça Didier Kanhan : l’avenir le fait sourire. Certains pourraient y déceler une forme de dilettantisme ou de désinvolture. Mais ce n’est pas ça. C’est juste que le petit homme, né il y a 28 ans sous le soleil brûlant d’Abidjan, connaît la règle du jeu, la réalité de ce football que l’on ne voit jamais à la télé. Celui des mises à l’essai, des 3
e divisions belges ou allemandes, des D2 luxembourgeoises ou ukrainiennes et des contrats plus souvent foireux que juteux. Depuis qu’il a quitté la Côté d’Ivoire en 2001 pour venir « tenter sa chance » sur le Vieux Continent, le petit homme a bien compris que « lendemain » rimait avec « incertain ». Evry, Osny, Beauvais,
Ath, Mantes-la-Jolie, Laupheim, Oissel, Virton, Seraing et même un club ukrainien dont nous n’avons pas retrouvé la trace, la liste des clubs qu’il a écumés ces dernières années donne à elle seule le tournis. Il aurait évidemment préféré suivre les mêmes traces que ses « potes » Bonaventure Kalou, Kanga Akalé ou Bakary Koné, avec qui il a évolué en équipe nationale junior (20 sélections) et même en équipe nationale A (5 sélections).
« Mais chacun suit son étoile », dit-il simplement.
« Pour eux, c’est celle de la L1, moi c’est une autre un peu moins brillante. Mais c’est comme ça, je ne me plains pas. Je me suis promené un peu partout et j’ai aussi vécu de belles choses. » Mulhouse ou le trainPère de deux enfants, Didier Kanhan ne le cache pas : il aimerait désormais ranger le baluchon et se « poser quelque part ». Où ? Il ne le sait pas encore. À Mulhouse ?
« Pourquoi pas, le groupe a l’air d’avoir du talent. Et puis les joueurs ont l’air très sympas. Quand je suis arrivé, ils étaient au restaurant et m’ont tout de suite bien accueilli. On a bien rigolé tous ensemble. Maintenant, ce n’est pas à moi de décider. Sur le terrain, j’ai fait ce que j’ai pu. C’était mon premier match depuis trois mois et j’avais un peu de mal dans mes replacements. Physiquement, c’était pas évident. » Le puissant attaquant, dont les courtes jambes font penser à deux bâtons de dynamite, a tout de même profité des 45 minutes de jeu pour inscrire deux buts face à Toul ce samedi. Un missile d’abord, une tête ensuite. Pas de quoi enflammer le placide entraîneur mulhousien Albert Falette. Mais largement suffisant pour le conserver bien au chaud durant le week-end et lui offrir une nouvelle opportunité face à Besançon.
Pour se faire une place au FCM, Didier Kanhan sait qu’il lui faudra encore marquer ce soir. Des buts dans les filets bisontins ou, à défaut, des points dans l’esprit du coach. Ensuite, il saura enfin. Ce sera Mulhouse ou le train...
Pierre Chatelus
L'Alsace du 21/07/2008